« Les freelances veulent déployer tout leur potentiel »

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Après un parcours de salarié, de consultant indépendant puis d’entrepreneur à succès, Charly Gaillard a créé Beager en 2021, une plateforme de mise en relation entre entreprises, talents salariés ou indépendants. Beager connaît aujourd’hui une forte croissance. Charly Gaillard revient sur les facteurs déterminants d’une collaboration réussie entre entreprises et indépendants.

Beager se présente comme un service de mise en relation affinitaire entre entreprises et freelances. Comment réaliser cette alchimie ?

Charly Gaillard : Beager assume ce positionnement très fort par rapport à d’autres acteurs du freelancing. Notre but est d’apporter le maximum de valeur aux deux parties, au freelance comme à l’entreprise. Nous les considérons d’ailleurs toutes deux comme nos clients. C’est pourquoi nous accordons une importance majeure aux valeurs, au projet professionnel, mais aussi à la personnalité de chacun des indépendants avec lesquels nous travaillons. L’objectif est de leur proposer des missions qui leur correspondent vraiment et dans lesquelles ils pourront déployer tout leur potentiel.

De la même manière, lorsqu’une entreprise nous mandate, nous commençons par nous imprégner de sa culture d’entreprise pour définir aussi parfaitement que possible le contexte de la mission. Nous identifions ensuite le profil le plus en adéquation avec cet environnement global pour que la collaboration soit la plus réussie possible.

« Il n’y a rien de plus satisfaisant que de réussir quelque chose de nouveau. »

Beager associe la passion au succès. Faut-il nécessairement être passionné pour bien travailler ?

C. G : De la passion naissent l’enthousiasme et la motivation. De ce point de vue, oui, je crois qu’une bonne dose de passion est importante pour s’impliquer et faire du bon travail. Lorsque nous menons un entretien avec un profil pressenti pour une mission, nous voyons très vite si le contenu et le contexte de la mission déclenchent ou non cet enthousiasme. Bien souvent, les personnes les plus motivées souhaitent progresser et élargir leur champ de compétences pour augmenter leur niveau d’expérience et d’expertise. Il n’y a rien de plus satisfaisant que de réussir quelque chose de nouveau. A cet égard, notre job consiste concrètement à convaincre les entreprises de faire appel à des consultants et des indépendants qui ont soif d’apprendre, d’avancer et de se développer, car c’est précisément là que se situera la force de leur engagement.

Les entreprises font-elles preuve de résistance face à ce type de discours ?

C. G : Oui, mais de moins en moins. Les difficultés de recrutement actuelles favorisent l’ouverture à de nouvelles approches. Le plus difficile pour les entreprises est de passer le pas. Une fois qu’elles constatent que ce qu’elles percevaient initialement comme une prise de risque s’avère finalement être une réelle opportunité, alors la confiance s’installe. Il nous arrive d’ailleurs souvent de proposer deux profils pour une même mission : l’un qui dispose d’une très grande expérience dans le domaine souhaité, mais dont le niveau d’engagement peut, de ce fait, être moins important, et l’autre avec un moindre niveau d’expérience, mais chez qui nous détectons un très fort potentiel et qui, également de ce fait, sera beaucoup plus engagé. A titre personnel, et après plus de 400 mises en relation réussies, mon choix se porterait sans hésitation sur le second candidat.

Bien sûr, nous entendons aussi que nos clients ne voient pas l’utilité pour eux de développer le potentiel d’un indépendant et que là n’est pas leur enjeu. Il faut donc savoir placer le curseur au bon endroit pour créer la bonne alchimie et faire en sorte que la mission se transforme en véritable rencontre entre un talent à fort potentiel et une entreprise avec un besoin d’accompagnement très rapide : c’est cet équilibre subtil qui permet bien souvent de dépasser les attentes réciproques.

Les freelances et la formation continue

On parle beaucoup aujourd’hui d’organisation apprenante et de formation tout au long de la vie. Les freelances s’inscrivent de manière très volontaire dans cette logique de formation continue. Comment accompagnez-vous les entreprises face à cet enjeu ?

C. G : Nous nous sommes dotés très récemment du statut d’entreprise à mission défini par la Loi Pacte. Il recouvre plusieurs objectifs et engagements, lesquels donnent lieu à des audits réguliers et légalement contraignants. L’un des objectifs que nous nous sommes fixés est précisément de favoriser la collaboration entre les grands groupes, les consultants indépendants et les talents en général, toujours plus nombreux à se lancer en freelance. Nous jouons à cet égard un véritable rôle de tiers de confiance.  Notre objectif est d’aider les entreprises à mieux accueillir dans leurs équipes des consultants indépendants et à travailler toujours plus efficacement avec eux. Elles ne peuvent pas se passer de cette réserve de talents, en particulier dans le contexte actuel de digitalisation accélérée et de compétitivité exacerbée. Notre rôle est donc de mener un véritable travail de pédagogie auprès des entreprises qui hésitent à franchir le pas ou ne savent pas comment gérer des équipes hybrides composées de salariés et de freelances.

« Le Covid a beaucoup accéléré une tendance de fond observable depuis déjà plusieurs années. »

Comment expliquer que le travail indépendant rencontre aujourd’hui un tel succès ?

C. G : Le Covid a beaucoup accéléré une tendance de fond observable depuis déjà plusieurs années. Le temps d’arrêt imposé par les confinements a sans aucun doute provoqué un besoin d’alignement avec soi-même. Lorsqu’on est bloqué chez soi, on a forcément beaucoup plus de temps pour réfléchir à ce qu’on souhaite réellement faire de son existence, ce qu’on veut apporter à la société. Beaucoup se sont sans doute aperçus que leurs actions quotidiennes étaient parfois plutôt dictées par une forme d’habitude ou de confort que par une véritable passion. Ce constat a entraîné un vrai besoin de réorganisation de son quotidien, voire de reconversion. En un mot, j’ai le sentiment que les gens ont bien plus envie de prendre leur destin en main, beaucoup plus qu’avant, d’autant plus qu’il apparaît aujourd’hui que l’indépendance n’est finalement pas si risquée qu’il n’y paraît, surtout sur les métiers en forte tension.

Face à cette évolution, quelles vous paraissent être les pistes d’action pour faire évoluer le statut d’indépendant vers plus de simplicité et de sécurité ?

C. G : C’est un sujet complexe, mais il me paraît indispensable que tous les actifs, quel que soit leur statut, disposent d’un niveau minimum de protection sociale. Il n’existe pas de raisons objectives pour que des catégories de travailleurs soient moins protégées que d’autres. Il me paraît donc essentiel de disposer d’un socle universel de droits, quitte à adapter ensuite le niveau de couverture supplémentaire en fonction du taux de cotisation consenti et des sensibilités individuelles. L’existence de différents statuts est justifiée. Il importe néanmoins de mener un travail de simplification de ces statuts, aujourd’hui trop nombreux. Nous passons d’ailleurs beaucoup de temps à expliquer aux freelances avec lesquels nous travaillons quelles sont les différentes possibilités à leur disposition. De manière générale, même si le « Plan indépendants » récemment adopté à l’Assemblée Nationale va dans le bon sens, il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.

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